La
construction de la ligne commença en 1864 et fut achevée en
1869, reliant ainsi Paris à Nîmes via Clermont-Ferrand. Ses concepteurs
ont choisi la voie la plus directe en passant par les Gorges de
l'Allier. Des ouvriers de l'Europe entière (on estime entre 6000 et 7000) sont venus pour réaliser ce
chantier pharaonique. Ils ont dû d'abord construire des
baraquements , de petits villages apparurent, des ponts
provisoires, des chemins, le relief étant très accidenté et vierge de
tout.
Pour faire passer le train, il a été nécessaire d'édifier de très
nombreux ouvrages d'art. Pour vous donner une idée de la tâche, prenons le parcours: de Langeac à Langogne (67 kms), ils ont
construit pas moins de 51 tunnels, 16 viaducs, sachant qu'à l'époque ils n'avaient que des barres à mine
et
des pioches, les perforatrices pneumatiques n'existaient pas : cela
donne la mesure des
efforts humains fournis pour qu'aujourd'hui le Cévenol passe !
Pour la petite histoire, il y eut une inondation en automne 1868. Tout
fut dévasté : ponts, chemins, baraquements. Seule la voie resta ! Cet
héritage tient depuis plus de 125 ans et les Auvergnats peuvent
être fiers de leur ligne.
Quittons Langogne en direction du point culminant de la ligne, la gare de la Bastide-Saint-Laurent
(1 024 mètres). D'un côté, la ligne depuis Langeac monte avec une pente
de 8/1000
jusqu'à 12/1000. De l'autre, la ligne plonge
vers le Bas Languedoc avec une pente jusqu'à 25/1000. Henri Vincenot l'avait
baptisée "
l'escalier des géants".
Chaque jour, une rencontre très attendue et bien réglée se
déroule à la Bastide (n'oublions pas que la voie est unique) : les deux
Cévenol se croisent : D'abord l'arrivée du Paris-Marseille puis du
Marseille-Paris ; le Paris-Marseille s'en va en premier, puis
c'est au
tour du Marseille-Paris de partir ; de là, les rôles s'inversent pour
les chauffeurs :
celui du Marseille-Paris demandera toute la puissance de
ses
diesels, tandis que son collègue vers Nîmes ne se servira que du
frein.
Voici les gares desservies depuis Paris :
Nevers,
Moulins, Saint-Germain-des-Fossés, Vichy, Riom Chatel-Guyon,
Clermont-Ferrand, Issoire, Brassac-les-Mines, Arvant, Brioude,
Saint-Georges d'Aurac (plus desservie), Langeac, Monistrol d'Allier
(plus desservie), Langogne, La
Bastide-St-Laurent, Villefort, Gennolhac, La Grand-Combes, Alès, Nîmes,
Marseille.
A
Clermont-Ferrand, le train s'arrête une bonne demi-heure car la
ligne n'est pas électrifiée et l'on change donc de
locomotive. La Sybic laisse place alors aux BB 67 000 diesel du
dépôt de Nîmes et séparation de quelques voitures à destination de
Béziers, puis nouvel arrêt prolongé à Nîmes pour changement de
motrice car la ligne est de nouveau électrifiée jusqu'à Marseille.
Cette ligne ne transporte pas que des voyageurs. Il y a aussi des
trains
de frêt ; notamment de juin 1990 à mai 1996, pour la construction du
barrage du Puylaurent, des trains lourds de 900 tonnes et plus (ciment,
graviers, etc...) tractés par trois BB67000 convergeaient vers la
Bastide-Saint-Laurent ; les matériaux étaient ensuite acheminés par camions jusqu'à destination.
Votre serviteur rechargeant son appareil photo (Langeac - avril 2003)
On peut voir, à droite, la halle de marchandises
| Vue vers le quai de la halle de marchandises (Langeac - avril 2003) |
Configuration de la ligne :
Paris - Clermont-Ferrand : voie double et traction électrique.
Clermont-Ferrand - Nîmes : voie double jusqu'à Arvant
(bifurcation pour Aurillac et Béziers) ; puis voie unique jusqu'à Alès
(à La Bastide-Saint-Laurent bifurcation pour Mendes - voie unique
traction diesel), et d'Alès à
Nîmes - voie double toujours en traction diesel.
Nîmes - Marseille : voie double et traction électrique.
Pour en savoir plus, je vous recommande le livre d'Henri Vincenot "Les
voyages du professeur Lorgnon" - éditeur Denoël / LA VIE DU RAIL.